C’est une belle brebis, très prisée des photographes, avec ses oreilles noires, ses tâches noires autour des yeux et à la commissure des lèvres. Finalement, elle est plus connue sous le nom de brebis à lunettes.
Sa présence sur les Causses du Quercy est très ancienne, d’où sa parfaite adaptation au terroir sec, très chaud l’été, et froid l’hiver. Elle est donc très rustique. Ses longues pattes lui permettent d’arpenter les grands espaces pour trouver une nourriture peu abondante, mais très diversifiée. Elle est peu grégaire et s’éparpille facilement sur les surfaces mises à sa disposition.
Sa spécificité est sa résistance naturelle à la piroplasmose, parasitose mortelle qui sévit dans notre région. C’est sans doute cette qualité qui lui a permis de résister à toutes les tentatives de croisements industriels qui ont tant fait de mal à de nombreuses races rustiques, allant jusqu’à en faire disparaitre un grand nombre.
Son défaut majeur : une mauvaise conformation avec des gigots longs et plats. Celui-ci est largement compensé par une viande savoureuse, très appréciée des gourmets.
Elle est aussi très désaisonnée, ce qui permet d’avoir des agneaux à vendre quasiment tout l’année, particulièrement entre Noël et Pâques.
Elle n’est pas vorace, ce qui est une qualité en période de disette, mais elle gaspille beaucoup en situation d’abondance. C’est une « fine gueule ».
Sa grande taille lui permet de mettre bas ses agneaux très facilement, y compris en croisement avec Berrichon, Charolais ou Iles de France. En race pure, les premiers jours de l’agneau sont un peu difficiles et demandent de la surveillance. Après quoi, ils sont très faciles à élever.
Sa laine est assez grossière, solide et agrémentée de poils de jarre assez abondants, d’où son touché un peu rugueux, surtout si on vient de caresser un mérinos.
Les toisons pèsent entre 1.5 et 2 kg brut. A ma connaissance, elles n’ont jamais été « mérénisées », sans doute à cause de la piroplasmose. C’est une excellente laine à matelas, grâce à son gonflant (ou résilience). Toutefois, on peut faire du fil avec les toisons les plus fines. A une époque récente, les meilleures toisons étaient exportées vers l’Angleterre pour la fabrication de tweed.
Pierre Réveillac (moutonnier à Livernon)
"La Caussenarde" est avant tout une association loi 1901 qui est née d'une réflexion autour de la problématique de la laine. Cette association a pour but de valoriser et promouvoir la brebis caussenarde du Lot (département 46) et en particulier sa laine. De plus, "La Caussenarde" permet de communiquer et de transmettre des savoirs et des savoir-faire concernant la laine et la brebis.
Dès l’époque romaine la laine de nos brebis était utilisée pour confectionner des matelas ; les cadurciens (habitants de Cahors) dormaient déjà sur des sacs remplis de laine. Plus tard, au XVIII siècle, cette brebis était qualifiée de « bête à laine », on tirait de sa toison des « cadis » (étoffes plus solides qu’élégantes). Depuis les années 60, le cours de la laine s’est effondré avec l’arrivée des matières synthétiques, de la délocalisation et de la mondialisation. En 1980 le kilo de laine valait 12 F (1,82€) contre 0,40 € en 2010 (alors qu’une tonte revient à environ 1€ du kg de laine brute).
De ce patrimoine unique, éleveurs et amoureux de cette brebis et de son territoire se sont rejoints pour créer l’association « La Caussenarde » en 1998. Elle regroupe aujourd’hui des éleveurs, des fileuses, des tricoteuses, des artistes créateurs et des amateurs qui se passionnent pour la brebis caussenarde du Lot, son histoire, sa laine, la place qu’elle tient dans le paysage et la vie des Causses du Quercy.
C’est à partir de cette tradition lainière inscrite dans l’histoire du pays et de ce problème économique que l’équipe de la Caussenarde s’est fédérée. Son objectif est bel et bien de valoriser la brebis caussenarde grâce à des produits lainiers de qualité : matelas, couvertures tissées, couvertures piquées, fil à tricoter… et de constituer une filière laine cohérente et de proximité avec les manufactures.
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